Bouygues casse les prix des offres triple-play : faut-il changer d'opérateur ?

L'opérateur propose internet, téléphonie fixe et télévision pour moins de 20 euros par mois. Que cache cette offre ? Réponse de Benjamin Douriez, journaliste à "60 millions de consommateurs".

Bouygues Telecom lance une guerre des prix dans l’internet fixe. L'opérateur a dévoilé, mercredi 26 février, une offre triple-play (internet, téléphonie fixe et télévision) à 19,99 euros par mois, contre 31,90 actuellement. Soit la moins chère du marché.

L'offre de Bouygues, sans engagement, sera disponible à partir du 3 mars dans les principales agglomérations françaises. Elle comprend notamment les appels illimités vers les téléphones fixes en France et vers 121 destinations, ainsi que l'accès à quelque 165 chaînes de télévision. Objectif ? Créer une "rupture" et rendre "150 euros en moyenne par an aux Français".

Est-il temps de renégocier son contrat auprès de son opérateur ? Voici les conseils de Benjamin Douriez, journaliste à 60 millions de consommateurs.

Francetv info : Cette offre à 19,99 euros est-elle vraiment une bonne affaire ?

Benjamin Douriez : Elle est extrêmement intéressante. C'est une vraie rupture de tarif qui va permettre de faire des économies importantes. Et les premiers intéressés vont être les abonnés de Bouygues Telecom. Mais ils vont devoir ronger leur frein car ils doivent attendre mi-avril pour pouvoir profiter de cette offre, contrairement aux nouveaux abonnés qui y auront accès dès le 3 mars.

Après, tout dépend de ce que l'on attend d'une offre internet fixe. Et la comparaison entre les opérateurs n'est pas toujours facile à faire car il existe aussi des offres couplées internet et mobile. Il faut raisonner dans la globalité : si on bénéficie aujourd'hui d'une offre réduite pour l'ADSL et le forfait mobile, on peut perdre la réduction globale en changeant de fournisseur ADSL. La seule vraie limite de cette offre, c'est la couverture offerte par Bouygues Telecom. Aujourd'hui, l'offre est accessible pour environ 12 millions de foyers, soit un tiers des foyers français [c'est-à-dire les abonnés dégroupés].

Doit-on renégocier son contrat avec son opérateur ?

Bien entendu, il ne faut pas hésiter à faire jouer la concurrence, soit en négociant avec son opérateur, soit en résiliant son abonnement pour changer d'opérateur. A partir du moment où il y a de la concurrence, il faut en profiter, y compris dans l'internet fixe.

Free a déjà réagi à travers sa marque Alice, qui propose plus ou moins la même chose que Bouygues au même prix. Mais, sans attendre la réaction de son opérateur, c'est un bon réflexe d'appeler le service client pour lui demander s'il peut faire un geste, s'il veut nous conserver comme abonné. En laissant quelques jours, voire quelques semaines aux opérateurs pour s'adapter.

Comment expliquer que Bouygues puisse fournir de tels services en cassant à ce point ses prix ?

Depuis trois ou quatre ans, les opérateurs avaient rendu plus discrètes les offres triple-play à 30 euros (qui étaient le standard du marché depuis le lancement de la Freebox il y a une dizaine d'années). Les opérateurs mettaient plutôt en avant des offres plus haut de gamme (entre 35 et 40 euros) qui proposent plus de services, mais dont les abonnés n'ont pas forcément besoin (les appels illimités vers les mobiles, des jeux, des box plus puissantes...)

Aujourd'hui, Bouygues dit que tout le monde n'a peut-être pas besoin de tous ces services. Les offres triple-play avec des services basiques peuvent intéresser du monde. Mais, en effet, entre les forfaits à 32 euros d'aujourd'hui et celui que Bouygues propose à 19,99 euros, il n'y a pas de différences majeures.

L'opérateur fera certainement moins de marge, mais Bouygues joue probablement sa survie là-dessus. Il y a un calcul économique : c'est rentable de casser ses prix car on va gagner des clients. Bouygues a beaucoup moins de clients qu'Orange, SFR et Free sur l'internet fixe. Donc il a beaucoup moins à perdre sur ce secteur-là. C'est une stratégie de conquête de parts de marché.